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Le journal en direct



Beaucoup de revues, peu de quotidiens au centre de documentation du collège


Pendant la semaine de la presse à l’école, les enseignants français sont invités chaque année à faire découvrir la diversité des médias à leurs étudiants et à les initier aux différentes pratiques professionnelles. Beaucoup en profitent pour mettre entre les mains de leurs élèves, un outil d’information sur lequel ils n’ont pas l’habitude de se pencher: le quotidien

Qu’il vienne de leurs enseignants ou des professionnels de la presse, le constat est partagé : les jeunes ne lisent pas le journal et c’est surtout au travers de la télévision qu’ils s’informent. Un sondage réalisé au printemps 2004 en France confirme ce diagnostic sans aucune ambiguïté : 68% des 15-25 ans interrogés déclarent que les jeunes s’informent avant tout par la télévision, le média internet arrive en deuxième position devançant la radio. Journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace et représentante de l’ARPEJ (Association régions presse enseignement jeunesse) Vivianne Prost pilote les pages jeunes de son quotidien et participe régulièrement à des rencontres avec eux. « La télévision est sans conteste leur média de référence, affirme-t-elle, ils ne lisent surtout pas le quotidien régional. Dans le meilleur des cas, ils s’intéressent aux pages sportives mais ça s’arrête là… ».

La semaine de la presse qui chaque année invite les enseignants à faire découvrir la diversité des médias français à leurs élèves, est souvent l’occasion d’un rendez-vous avec la presse écrite et le quotidien en particulier. Le dispositif mis en place par le ministère de l’Education nationale, il y a maintenant quinze ans, vise à « former les citoyens de demain » en leur donnant les clés du traitement de l’information dans les différents médias. Il vise à développer leur sens critique afin de mieux appréhender les différentes représentations de la réalité qu’offrent journaux, radios et télévisions. Le partenariat établi avec les différents médias - ils ont été plus d’un millier lors de la dernière édition à participer- permet d’aborder l’étude des médias sous un jour très concret.

Voir une séquence vidéo: Le journal en direct (wmv)

Des journaux gratuits



Pour la documentaliste, la semaine de la presse est un temps fort de l’éducation aux médias au collège


Du lundi au samedi, les collèges reçoivent ainsi gratuitement les principaux quotidiens nationaux et régionaux. «C’est un avantage énorme et un levier du succès de cette opération», reconnaît Martine Piquet, documentaliste au collège Fustel de Coulange à Strasbourg. En temps normal, le collège est abonné au quotidien régional – très peu consulté en dehors des pages sportives- et à plusieurs périodiques spécialisés pour les jeunes de leur âge, comme Les clés de l’actualité ou le Journal des enfants. «C’est l’occasion de faire découvrir aux jeunes un média qu’ils ne connaissent pas, et que, pour la plupart, ils n’ont pas à la maison », souligne cette documentaliste formée à l’étude comparative des médias. «Ils regardent la télévision tous les jours, n’arrêtent pas d’en parler, comparent très facilement et spontanément les émissions sans avoir jamais appris à le faire. En revanche, ils ne lisent pas le journal !»

L’arrivée quotidienne de nouvelles fraîches au collège suscite surtout l’intérêt des enseignants. C’est l’occasion pour eux d’aborder de façon vivante, cette éducation aux médias inscrite à tous les niveaux des programmes du primaire comme du secondaire. D’autant qu’à cette occasion, le principal quotidien régional, les Dernières Nouvelles d’Alsace, ouvre les portes de sa conférence de rédaction et permet à quelques classes d’assister en direct à ce temps fort de la préparation du journal. (voir la vidéo) «Tous les professeurs trouvent la démarche intéressante » témoigne Martine Piquet, «il faut s’y prendre très tôt pour avoir une chance d’y participer». Sa collègue, enseignante de lettres, Chantal Belbach, a mis à profit avec ses élèves de 3ème les opportunités de cette semaine de la presse. «Sans cette opération, je ne pense pas que j’aurais travaillé sur la presse, reconnaît-elle. Mais, je dois admettre que le fait de lire tous ces journaux, de les feuilleter, de les décortiquer, d’entrer au cœur de leur fabrication, c’est très enrichissant. Très positif pour l’ouverture d’esprit de nos élèves. C’est une approche qui passe bien car le journal appartient quand même au quotidien de tout un chacun.»

Une approche pluridisciplinaire

Concentrée au départ sur une semaine, l’opération déborde largement le temps prévu et permet d’associer dans un même travail d’approfondissement, le centre de documentation, les enseignants de lettres, d’histoire géographie en charge de l’éducation civique et même les professeurs des classes bilingues allemandes. La documentaliste a reçu chaque classe de 3° environ trois à quatre heures pour étudier ensemble ces quotidiens qu’ils n’ont, bien souvent, jamais pris entre les mains. « L’objectif est de leur montrer que les journaux ne s’adressent pas tous aux mêmes clients et que par conséquent on peut choisir son journal. On a donc comparé les unes et comme on était en période électorale, l’exercice s’est révélé très intéressant, on a bien vu les différences » explique Martine Piquet. Ses collègues d’histoire géographie ont de leur côté, travaillé l’approche critique de l’information pour les aider à se former un jugement. L’enseignante de lettres a consacré près de dix heures à explorer le monde pratiquement inconnu du quotidien d’information.

«On a examiné dans un premier temps l’offre des différents quotidiens, la qualité du papier, la place réservée aux photos, la part de publicité, leurs prix etc. » rapporte Chantal Belbach. «J’ai abordé ensuite la partie plus technique du vocabulaire propre au journalisme jusqu’aux différentes techniques rédactionnelles. On a analysé la construction d’une dépêche d’agence, ils en ont écrite une. On a aussi expliqué la chaîne de l’information, parlé des agences de presse, du travail d’investigation et du métier de journaliste… » C’est en assistant à la conférence de rédaction de leur quotidien régional que les élèves ont véritablement touché du doigt, le travail du journaliste et compris le processus de fabrication du journal. Une rencontre qui a fait tomber quelques préjugés et n’a pas, pour autant, suscité de vocations.

Un métier exigeant



«Feuilleter, décortiquer les journaux, entrer au cœur de la confection du journal, c’est enrichissant » estime Chantal Belbach, professeure de lettres


«Les journalistes jouent constamment contre la montre et sont en permanence sous pression » écrivent –ils dans leur compte-rendu qui a été publié dans le journal. «Ils ont réalisé que le journal est un travail d’équipe, qu’il faut y faire des choix et que les rythmes de travail sont exigeants» souligne Viviane Prost qui les accueillait. «L’ambiance de travail, les a davantage impressionné que le contenu même, confirme leur professeur de lettres. Ils ont vu la difficulté d’écrire à la demande, en un temps très court. Ils ont vu les articles qui vont à poubelle parce que l’actualité change, ils ne s’attendaient pas à ça. D’ailleurs quand je leur ai demandé si le métier les attirait, ils m’ont répondu non. Pour eux, il y a trop de contraintes».

C’est avec difficulté qu’ils se sont eux-même soumis à l’exercice journalistique car leur participation à la conférence de rédaction du quotidien prévoyait un petit compte-rendu destiné à être publié. Chacun devait prendre des notes et les questions avaient été préparées en classe. Mais au moment d’écrire, l’exercice s’est avéré très délicat et le regard du professionnel impitoyable. La copie remise a dû être reprise car jugée trop descriptive, pas assez personnelle. « Ils devaient se mettre dans la peau du journaliste explique Viviane Prost et pendant cet instant, devenir acteur du journal, c’est un exercice utile pour se confronter aux réalités et si le passage à l’écrit les rend meilleurs lecteurs, c’est gagné !». En dépit de ces écueils, à en croire leur enseignants, tous ont retiré une certaine fierté de leur parution dans le journal et ont conservé précieusement la photocopie de leurs débuts dans la presse.

Pour la documentaliste du collège comme pour leur enseignante, la semaine de la presse est indiscutablement, un temps fort pour l’éducation aux médias et un moment privilégié pour amener les jeunes à lire un jour peut-être, un quotidien d’information.

Auteurs: Corinne Cumerlato/CRDP d'Alsace.

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